(22.10.2019) 5 (cinq) ans après, mon avis sur la situation à Ghaza garde toute son actualité.
Ci-après mon post d’alors, à vous, lecteurs, de juger.
A propos de Ghaza et sur les meilleurs moyens d’aider les palestiniens et la cause de la paix dans la région, je pense qu’il est utile de clarifier mon point de vue, puisque certains amis sur FaceBook me l’ont demandé. J’ai essayé de structurer ce point de vue en 8 points :
1. Il faut essayer de comprendre le point de vue de l’autre, même, et surtout, si on le considère comme un ennemi.
2. Il faut éviter de juger les palestiniens comme si on était plus palestiniens qu’eux. Ils sauront toujours mieux que les autres ce qui est bon pour eux. Illustration: quand ils votent pour le Hamas, c’est leur problème, éventuellement celui de leurs ennemis, mais en aucun cas il ne saurait être celui des autres nations car le droit international est fondé sur le droit des peuples à disposer d’eux mêmes.
3. Au niveau personnel comme au niveau des Etats, soigner ses relations avec son voisin est primordiale. De mauvaises relations entre voisins sont en effet dangereuses pour tout le monde. Un jour, Israël et les palestiniens feront la paix. Les perdants seront ceux qui ont voulu être plus israéliens que les israéliens ou plus palestiniens que les palestiniens.
4. La liberté ne se limite pas à créer un Etat, même si l’Etat est le premier garant de nos libertés. Les palestiniens aussi y ont droit. Mais une fois cet objectif atteint, ils devront encore lutter pour préserver leur liberté contre leurs propres frères qui voudront la confisquer pour eux mêmes et pour leurs proches. Empêcher que leur pays ne se transforme en dictature, c’est à dire une nouvelle prison, à l’instar de la plupart des pays arabes. Il vaut mieux y penser quand le pays est en lutte pour recouvrer son indépendance qu’après.
5. Le monde rétrécit de plus en plus, mais la plupart l’oublient. Ceux qui semblent l’oublier le plus sont les israéliens hostiles à l’indépendance, donc à la liberté des palestiniens. Ils oublient qu’ils devront vivre et prospérer avec ces derniers, leurs voisins les plus proches, sans compter 2 millions d’arabes israéliens. C’est ce que disent beaucoup d’israéliens qui ont une grande influence morale dans leur pays, à l’instar de l’historien Zeev Sternhell, ou du Professeur Leibowitz qui, il y a près de 20 ans, n’avait pas hésité à critiquer durement le sabotage des accords d’Oslo et la poursuite de la politique de colonisation des territoires occupés. Politique qui, selon lui, conduirait Israël à sa perte. Il avait qualifié cette politique de « judéo-nazie », allant jusqu’à prédire l’assassinat du Président Ishak Rabin.
6. La liberté est une et indivisible. Ce qui obscurcit la compréhension de ce qui se passe aujourd’hui au Moyen-Orient et dans le monde arabe en général est la coalition d’intérêts entre les dictatures arabes et les grandes puissances intéressées par le pétrole et le gaz arabe. Ces intérêts convergent avec les intérêts à court terme (pas à long terme) d’Israël. La question de la survie d’Israël est en effet instrumentalisée à très grande échelle, tout comme l’islam, qui est devenu un immense fonds de commerce, qui arrange beaucoup de monde. En effet : c’est au nom de la lutte contre le terrorisme islamique que les américains et les occidentaux en général, aidés par leurs supplétifs qataris et saoudiens, détruisent les infrastructures des pays arabes, surtout laïques, attisant ainsi les conflits ethniques et confessionnels dans la région et faisant passer Israël pour le garant des intérêts, des valeurs et de la morale internationale. C’est au nom de la lutte contre le Hamas, une « organisation terroriste palestinienne » qu’Israël bombarde régulièrement Ghaza, devenue une gigantesque prison à ciel ouvert. Et c’est au nom de la renaissance de la foi musulmane et de la liberté des peuples musulmans que les « fous de Dieu » perpètrent des massacres contre des innocents, au Moyen-Orient et ailleurs.
7. L’avènement de la Démocratie dans les pays arabes n’est pas souhaité, ni par les grandes puissances, ni par Israël, ni par les monarchies du Golfe, même si toutes ces parties ont fait ou font semblant d’encourager les printemps arabes, en Syrie, en Libye, en Tunisie et ailleurs. La Démocratie pour les pays arabes est fondamentalement ressentie, en dépit des apparences, comme un danger qu’il faut conjurer par tous les moyens. C’est le sens qu’il faut donner au soutien à la contre révolution en Egypte et à la reconnaissance des « victoires électorales » de Al Sissi, Bouteflika et Bachar El Assad.
8. il faut avoir toutes ces données à l’esprit pour ne pas commettre de graves erreurs de jugement.