(10.10.2019) Ali Benouari, Interview de Sputnik News :
Dans un entretien accordé à Sputnik News, Ali Benouari, ancien ministre algérien du Trésor (1991-1992), affirme qu’ »on aurait dû racheter les parts d’Anadarko« .
« Derrière l’absence de volonté politique, il y avait peut-être le souci de ménager nos réserves de changes. Si tel était le problème, il aurait été plus judicieux de lever de la dette sur les marchés internationaux pour financer cette acquisition« , ajoute-t-il, précisant que « Sonatrach n’aurait eu aucun mal à trouver l’argent nécessaire« .
« Ces actions n’auraient d’ailleurs jamais dû être vendues », insiste M.Benouari. Et pour cause, il rappelle qu’au plus fort de la crise financière des années 1988-1994, quand il était impossible de lever des emprunts sur les marchés financiers, il préconisait lui-même, en tant que conseiller puis ministre du Trésor d’emprunter par nantissement des actions (des prêts gagés) d’Anadarko et de Panhandle, alors propriété de la Sonatrach.
« Cette technique pouvait permettre de garder ces actifs stratégiques, tout en retrouvant de la liquidité, et à un taux moins cher que celui des crédits classiques », explique-t-il, soulignant « l’importance de ces actions ». « Mais le premier gouvernement de Bouteflika en avait décidé autrement », ajoute M. Benouari.
En effet, selon M.Benouari, l’ex-ministre de l’Énergie Chakib Khelil, et l’ex-ministre des Finances Abdellatif Benachenhou « se sont empressés de les vendre comme de vulgaires actifs, poussés par l’embellie financière due à la hausse des prix du pétrole et par l’appât du gain ».
« La vente a en effet été confiée au très controversé Farid Bedjaoui, poursuivi par la justice italienne dans l’affaire des pots de vin (198 millions de dollars) versés par la société Saipem à des intermédiaires algériens, dont justement Chakib Khelil », explique-t-il, avant de renchérir que « décidément, les actions d’Anadarko n’ont pas fini de faire couler de l’encre ».
Article intégral : sputniknews.com : Rachat d’Anadarko: Alger «a laissé faire et la France, par le biais de Total, fera main basse» sur les richesses du pays